Little red riding hood w/ Milo

Je n'avais pas pour habitude de prêter mes vêtements. Je n'aimais pas ça, même. Du genre possessif, je ne prêtais rien de ce qui m'appartenait, et surtout pas à un étranger. Mais il y avait toujours une exception à la règle et ce SDF semblait être mon exception. Quand il apparut à moitié nu face à moi dans le salon, je compris que j'allais devoir faire un effort. Au moins était-il plus présentable sans cette barbe affreusement sale !

Je lui ordonnais de m'attendre dans la salle de bain alors que j'allais lui chercher de quoi s'habiller. Une fois fait, je ressortis pour lui laisser un peu d'intimité et retournais à mes occupations. Sauf qu'il sortit si rapidement que je n'en eu pas le temps. Il se retrouva à nouveau devant moi, dans mes vêtements un peu trop grands pour sa maigrelette carcasse.

Il me dit beaucoup de "merci", ce qui avait le don de beaucoup m'agacer. Une fois, je pouvais comprendre mais deux à trois fois, je trouvais ça stupide. Cela se voyait probablement sur mon visage, qui malgré son côté de marbre, laissait parfois transparaître mon agacement. Milo, cette fois, indiqua qu'il s'apprêtait à partir et je tournais ma tête vers la fenêtre. En effet, il ne pleuvait plus mais il faisait clairement nuit et on entendait encore l'orage au loin. Je ne savais pas où il comptait aller mais les cheveux mouillés, il allait choper la crève en cinq minutes et mourir demain d'une bronchite.

"J'ai un futon de disponible dans mon garage." Enfin, c'était plus une petite pièce de rangement qu'un garage mais elle pouvait contenir des affaires importantes dont je ne me servais plus depuis quelques temps. Je ne parvenais pas à me rendre compte que je proposais à l'instant à quelqu'un de dormir dans MON appartement. Cela ne me ressemblait pas et je me dis que j'avais un trop plein de générosité. En fait, je faisais ressortir en condensé toute la générosité dont je ne faisais pas preuve le reste de l'année.

"Tu vas attraper la mort si tu sors maintenant. Mais ce que j'en dis." Je haussais les épaules. Après tout, c'était son choix et sa vie, non les miens.

Je voyais bien qu'il semblait commencer à s'énerver par mes remerciements ...mais je n'y pouvais rien. Disons que je n'avais plu l'habitude que les gens soient aussi gentils envers moi. Pour eux, j'étais une sorte de monstre qu'il ne faut pas toucher ni croiser du regard en aucun cas! Alors qu'on m'offre des biscuits ...du thé ...et des vêtements propres? C'était trop pour moi. J'avais besoin de lui démontrer ma gratitude et ce n'était qu'en le remerciant mille fois que je pouvais y parvenir, malheureusement. Je n'avais pas les moyens d'en faire plus ...ni rien à lui offrir qu'il pourrait apprécier. Je n'avais rien ...sauf mes vêtements et un vieux sacs défraîchit et en très ...très mauvais état.

Lorsqu'il mentionna avoir un futon dans son garage, mes yeux devinrent instantanément brillants et humides de larmes. Un futon? Vraiment? Un vrai futon? Il m'invitait à dormir dans son garage? Pour vrai? Sans blague?! Il était vrai que j'allais attraper la mort à sortir comme ça ...mais jusqu'à présent, je me disais que c'était peut-être mieux ainsi. Vivre ne m'enchantait guère, ces dernières années. Pinçant mes lèvres, je murmurai faiblement «Vraiment...? Vous voudriez que ...je couche sur votre futon...?» incertain avant de reprendre «Je n'ai rien à vous offrir pour vous payer en retour c'est ...C'est trop généreux!» avant de rougir comme une tomate et regarder le sol.

Hésitant à nouveau, je repris vite la parole avant de dire «...Je pourrais me rendre utile, par contre! Je ... je sais réparer la plomberie ...Des voitures ...et faire des meubles en bois, si vous avez besoin! Je pourrais être à votre service sans demander rien en retour!» avant de retourner mon regard brillant vers lui. Espérant de tout coeur qu'il accepte ce marché. Si j'étais pour dormir chez lui, je voulais au moins me rendre utile! L'aider dans ce qu'il avait besoin de faire et non pas seulement occuper son futon sans rien donner en retour! Je ne suis pas ingrat, tout de même!

Si ma sœur était là, elle n'en reviendrait pas. Tous mes "proches" n'en reviendraient pas, en fait. Je n'étais clairement pas le genre de mec à faire des faveurs, surtout pas avec le métier que j'avais. Ce gars-là n'avait absolument rien d'exceptionnel, à part peut-être son statut civil - et encore. Je lui proposais néanmoins un peu d'aide et cela me faisait tiquer. Je savais tout de suite quand mon comportement devenait trop étrange pour moi-même et je ressentais une sorte de gêne. L'humanité ne me ressemblait pas du tout. Je faisais pourtant preuve de charité à cet instant. Cela n'allait pas durer longtemps par contre, qu'il se dépêche de profiter de cette offre.

Tout de suite, il s'émeut aux larmes et je n'aimais pas ça du tout. Les sentiments, les effusions de larmes et de pathos... je trouvais ça ridicule. Un "merci" suffirait largement, je n'en demandais pas plus. Pas besoin de faire des yeux de chiots ou quoi. Il semblait ne pas y croire et cela me confirma dans l'idée que j'avais un comportement trop bizarre, même par rapport à mes voisins. Généreux, moi ? S'il savait ma réelle identité, il ne dirait pas cela.

"Si tu veux." Si cela lui permettait de dormir sur ses deux oreilles, qu'il le fasse ! Il ne me semblait pas avoir besoin de grosses réparations mais je pouvais 'comprendre' qu'il ait besoin de faire quelque chose pour moi en retour, histoire de ne pas être redevable. Les dettes, il n'y avait rien de pire pour le moral.

"Je te demanderais juste deux ou trois choses à respecter ici. Mais vu l'heure tardive, on en discutera demain matin. Ne me dérange pas dans la nuit, surtout, j'ai horreur de ça. Suis-moi." D'un pas ferme et décidé, je le menais dans la petite pièce dite garage où, en effet, se trouvait de quoi faire un petit coin sympa où dormir assez confortablement. J'allongeais le futon, ajoutais un coussin et une couverture plutôt épaisse.

Jamais je ne m'étais senti aussi étrange, en présence d'une personne. Louis semblait être gentil ...mais à la fois très froid. Austère. J'avais beaucoup de difficulté à le saisir entièrement et même ...Il commençait à me faire un peu peur. Il était très distant et, bien qu'il ne me connaissait pas et moi non plus ...Quand même. Sa façon de se distancer de moi me donnait froid dans le dos! mais bon. Il avait été assez gentil pour me donner à manger, me permettre de me doucher et dormir sous son toit alors ...Je devais me montrer redevable envers lui! Je lui proposai donc mes services mais encore là, son «Si tu veux...» mais laissa perplexe et quelque peu confus. Perdu. Intimidé par la situation, je croisai mes bras contre moi-même et hochai oui lentement avant de le regarder un instant pour ensuite détourné mon regard. Mal à l'aise.

Lorsqu'il me demandai de le suivre, je le fis. Au pas, comme on dit! mais ajoutai «Louis...? Je ...J'ai parfois des cauchemars, dans la nuit ...Il se pourrait donc que je parle ...ou même cri ...mais sachez que ce n'est pas du tout intentionnel!» en le regardant avec des grands yeux. Tout nerveux de sa réaction. Je déglutis lentement avant de dire «Je ne veux surtout pas vous embêté, vous savez ...Ce n'est pas du tout mon but. Je vous doit énormément déjà ...Loin de moi l'envie de vous faire chier pour quoique ce soit ...» et pinça mes lèvres, hésitant à reprendre la parole. Regardant autour de moi, je ne pus m'empêcher cependant de ressentir une vague d'émotion pour ce jeune homme. Il m'avait quand même bien installé en peu de temps. Futon, couverture chaude ...Tout était parfait ...Tout sauf ma crainte. Cette terreur qui ne me quittait jamais depuis ...

Une fois, un homme m'avait hébergé comme ça. Tout allait bien jusqu'à ce que, dans la nuit, je me mette à crier en pleurant. Criant de toutes mes forces, toujours en étant endormi. Le mec est venu et la première chose que je su en me réveillant, étant que je manquais gravement d'air. Il m'avait donné un coup de pied directement dans le ventre avec ses chaussures en cap d'acier. J'ai réellement cru mourir cette nuit là! Il m'a ensuite traîner par le bras jusqu'à l'extérieur où il m'a jeté comme on jetterait un sac de poubelle. Un vrai déchet. Ce pourquoi je crains tant la réaction de Louis, maintenant ...

Il me suivit comme un petit chien jusqu'au garage où j'installais, comme promis, de quoi le faire dormir confortablement pour la nuit. Je n'attendais vraiment rien de ce garçon, si ce n'est qu'il ne fouille pas dans mes affaires, ne me vole rien et ne me dérange pas pendant mes activités artistiques ou professionnelles. L'être humain pouvait être tellement... angoissant et irrespectueux ! Je finis de disposer les affaires et me tournais vers lui, surpris un peu par ses propos.

Le plus amusant, c'est qu'il semblait vraiment avoir peur de moi. Étais-je si effrayant ? On me le disait souvent. Non en fait, on sous-entendait que mon comportement inspirait la peur, parce que je semblais ne jamais rien ressentir justement. Il n'y avait rien de plus surprenant qu'une personne sans âme ni sentiment en face de vous ! Mais le fait que je ne paraisse rien ressentir ne voulait pas dire que ce n'était pas le cas. Bien sûr, je ne fondais jamais en larmes, n'avais pas de crise de fou rire, ne pleurais pas de bonheur ou ne m'extasiais pas de voir un papillon volé... mais je ressentais de la chaleur en peignant ou en caressant un tout petit chat ; de la satisfaction en terminant un travail ; de la colère quand tout ne marchait pas comme je le voulais. Tout ceci, n'était-ce pas des sentiments ?

"C'est un genre de somnanbulisme ? De cauchemars traumatiques ?" Demandais-je sans vraiment y trouver réellement de l'intérêt. Qu'il crie, qu'il fasse pipi ou qu'il se pique, cela ne me regardait en rien. Néanmoins, sa démarche de ne pas me déranger ou au moins, de me prévenir, était un bon point pour ce sans-abris. Il y avait dans cette initiative beaucoup de respect et j'y étais "sensible".

"Je mettrai des boules quies dans ce cas, merci d'avoir prévenu. Autre chose à m'indiquer avant que je ne te laisse ? Ah, et je me lève tôt le matin donc je serai conscient et debout, peu importe l'heure de ton lever." C'était comme un avertissement ou une assurance, libre à lui de le prendre comme il le souhaitait. Néanmoins, je voulais le mettre en garde que s'il tentait de me piquer quoique ce soit, je le saurais. Je serais là pour voir. On ne connaît jamais vraiment les gens auxquels on fait face...

Le fait qu'il n'ait aucune émotion quelconque commençait vraiment à m'angoisser. Tellement, que je commençais même à me demander si il n'était pas mieux pour moi de retourner dehors, dans ce froid glacial. Je ne savais absolument rien de lui, tout comme lui ne savait rien de moi mais ...Au moins, j'avais des émotions. Mes expressions pouvaient facilement se lire sur mon visage. Le timbre de ma voix aussi, tout en moi résonnait l'émotion! ...Alors que lui? On aurait dit un robot. Carrément. Un vrai robot. Ça devenait vraiment stressant, à la longue! Pinçant mes lèvres en voyant la pièce, j'eus quand même un faible sourire. J'allais pouvoir au moins dormir quelques heures sous un toit ...et c'était très agréable. Même si ça restait un garage, l'endroit semblait hospitalier. Confortable.

Lorsqu'il me posai une question, je hochai oui en disant «Traumatique, oui... Je rêve souvent de ma soeur et je ...» puis secoue la tête comme pour m'enlever des mauvaises images de mon esprit avant d'ajouter «...mais je ferai attention ...Promis ...» puis eu un faible sourire qui se voulait rassurant pour lui faire comprendre que je ferai tout pour ne pas le déranger. Seulement, lorsqu'il me dit qu'il sera déjà réveillé à mon réveil, je senti mon sang se glacer dans mes veines.  Biensur, il voulait se protéger et protéger ses biens ...mais je pris ses paroles comme une sorte de menace. Me reculant un peu en croisant mes bras fort contre ma poitrine, je dis alors «Okay je ...Je pourrai venir te rejoindre à me réveil alors ...? Si tu n'es pas dans ta pièce...?» d'une voix un peu mal assurée. Je ne voulais surtout pas qu'il se mette en colère contre moi! Alors j'ajoutai rapidement «Ou sinon je ...Je partirai dès mon réveil. C'est comme tu veux. Je ne voudrais pas trop t'en demander ...Tu en as déjà fait beaucoup pour moi ce soir ...et ma présence ne doit pas forcément te plaire plus qu'il n'en faut ...» puis rougit en prenant place sur le lit de fortune qu'il m'avait fait.

Je ne voyais pas pourquoi il aimerait que je le rejoigne, de toute façon. Partager un déjeuné avec moi? Un sans abri? Déjà il m'avait permis de rester alors que tant d'autre auraient appelés la police en me voyant ainsi sous leur perron! Je ne voulais pas lui en demander trop. C'était impoli, après tout. Timide, je pris l'oreiller dans mes bras et la serra doucement en m'appuyant dessus. Comme pour déterminer de sa texture. Elle était molle ...et c'était le genre d'oreiller que je préférais! puis de plus, elle sentait le linge fraîchement lavé! C'était très apprécié et agréable! J'allais tellement bien dormir, cette nuit ...!

Je ne savais pas ce qu'était cette histoire de sœur et pour être honnête, je n'avais pas envie d'avoir plus de détails à ce sujet, bien que je ne sois pas dénudé de curiosité. Mais j'étais assez poli et réservé pour ne pas demander des détails sur la vie privée des autres. Et surtout d'un SDF. Mais apparemment, c'était très mal pris de ne pas poser de questions aux autres et je voyais dans les yeux de ce Milo la même expression que dans le regard des autres : de la crainte. De l'effroi et tout ce qui s'y rattachait. Je savais n'être pas des plus agréables, mais c'était ma nature et je ne comprenais pas en quoi changer pour quelqu'un d'autre me serait profitable, à moi. Ma vie était bien rangée et me satisfaisais ainsi.

"Tu ne seras pas obligé de partir. Et s'il s'avère que je suis dans ma pièce à mon lever, tu n'auras qu'à frapper à la porte et je viendrais. Si tu es levé avant moi, tu n'auras qu'à attendre ici. Dans tous les cas, ne touche pas à la cuisine, je déteste ça. Après, si tu préfères retourner dehors demain matin, c'est ton choix, je ne t'oblige pas à rester ici. Sur ce, je te souhaite une bonne nuit." Je lui fis un signe de tête entendu et refermais la porte derrière moi. Oui, je n'étais pas des plus sympathiques... Mais en y réfléchissant bien, mes actions ne l'étaient-elles pas à la place de mes propos ? Est-ce que ce n'était pas ça qui comptait le plus ?

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Le lendemain matin, je fus levé le premier. En tout cas, comme je le lui avais dit, il n'était pas sorti avant que je ne sois debout. Je décidais de ne pas aller dans mon atelier et préparais le café. L'odeur se diffusa dans tout l'appartement, jusqu'au garage où se trouvait Milo. Ou pas. Avait-il décidé de partir sans rien dire ? Je n'étais pas sensible, mais ce serait purement grossier !

J'avais eu du mal à m'endormir cette nuit, malgré ce matelas confortable. Louis m'avait vraiment perturbé, et je me suis même demandé à un moment, si c'était mieux pour moi que je file en douce. Question de ne pas me faire tuer dans mon sommeil. Seulement, je fini néanmoins par m'endormir, pour me réveiller quelques heures après grâce à l'odeur du café frais. Frottant mes yeux afin de chasser le sommeil, je m'étais relevé et fait le lit. Question d'être poli, quoi. Hésitant à sortir, j'ouvris doucement la porte en jetant un coup d'oeil à l'extérieur. Inquiet. J'entendis alors quelques ustensiles s'entre-choquer puis compris qu'il était bel et bien dans la cuisine. Soulagement!

Je pris donc le chemin de la cuisine, en suivant l'odeur du bon café parcourir mes narines quand soudain, je le vis. À la lueur du jour, il était splendide. Encore plus beau qu'hier, dans la pénombre de la nuit. Ne voulant pas déranger, mais souhaitant tout de même lui faire mention de ma présence, je croisai les bras contre moi en disant un petit «..Bon matin...» tout timide avant d'esquisser un faible sourire en coin. Je ne savais toujours pas comment me comporter. Devais-je sortir? M'asseoir? Dans l'hésitation, je restai planté là tel une plante verte en attendant qu'il s'exprime sur ma venue et me dise les consignes à suivre.

Je voulais tant bien faire. Ne pas déplaire que je me sentais idiot d'agir ainsi ...mais je n'arrivais pas à le comprendre encore.  Je ne voulais pas trop m'imposer à lui. Certes, j'allais finir par quitter son appartement aujourd'hui. C'était évident. Je ne pouvais pas rester là, comme une plaie dans son garage. Je ne voulais pas lui faire subir ma présence plus longtemps qu'il ne fallait ...mais une tasse de café me ferait grand bien avant de partir ...et j'espérais qu'il m'en offre une mais ça, jamais je n'oserais lui demander. Moi qui refuse même de faire la charité! D'une petite voix discrète, je dis «...Ça sent bon ...» tout simplement avant d'ajouter «Merci pour cette nuit ...J'ai bien dormi...» Oui, bon. J'avais menti un peu ...mais je n'étais pas pour lui dire que j'avais un peu mal dormi à cause car j'avais peur qu'il me tue durant la nuit!

Je sentis rapidement la présence de mon invité vers l'entrée de la cuisine et me retournais pour le voir arriver. Il avait l'air bien moins pitoyable que lorsque je lui avais ouvert ma porte, la veille. Chose que je ne comprenais toujours pas mais passons. Il avait meilleure mine, malgré quelques cernes persistantes. Comme la veille aussi, il semblait très guindé, ou sur ses gardes. C'est bon bonhomme, je ne vais pas t'éventrer alors que j'ai fait refaire le sol il y a quelques mois !

"Bon matin" répondis-je simplement, par politesse. Je sortis une deuxième tasse, tandis qu'il restait debout, loin derrière moi, immobile comme... ouai, un chevalet. Je me demandais ce qu'il attendait au juste mais décidais de ne rien dire. J'étais conscient que ma façon d'être et de parler en mettaient beaucoup mal à l'aise, ce garçon plus que les autres. Je me contentais donc de faire le café en silence, laissant l'odeur du café imprégner la pièce.

"Je t'en prie." Je tentais de ne pas trop en dire. Déjà, il était difficile pour moi de faire de longues phrases éloquentes. Mais la plupart du temps, quand j'en faisais, elles avaient un ton effrayant et pas du tout avenant. Milo semblait comme une biche apeurée, sur le point de détaler au moindre craquement de brindille. Je ne lui devais rien, à vrai dire, et ce serait marrant de le voir détaler comme un lapin mais suite aux événements avec ma sœur et la façon dont je l'avais traitée, je me décidais à être un peu plus... comment c'était le mot déjà ? Ah oui, avenant.

"Tu peux aller attendre dans la salle à manger si tu le souhaites. J'apporte les cafés dans une petite minute. Ensuite, on aura à discuter." Encore une fois, j'avais été trop sec dans ma voix. Je n'y pouvais rien, c'était ma façon de parler ! J'avais beau faire des efforts pour certaines personnes, exceptionnellement, cela ne marchait jamais. Comme dit, je finis par poser les deux tasses et cuillers sur la table de la salle à manger et m'asseyais face à lui, portant à mes lèvres le breuvage bouillant sans même broncher.

"Alors, en quoi peux-tu te rendre utile, Milo ?"

Toujours intimidé par cet homme qui se tient devant moi, je souris néanmoins quelques peu lorsqu'il me souhaite bon matin. Rassuré, je lui dis en retour «Bon matin...» tout en restant sur place. Tel un piquet ou un chevalet. Timide et incertain d'avoir même le droit de respirer. Après l'avoir remercié pour cette nuit, son je t'en prie me donne un petit baume au coeur, quand même. Il a l'air un peu plus simpa ce matin, ou c'est moi? Ne sachant que faire par la suite, je croise mes bras. Détournant le regard et analysant du même fait son appartement. Très propre ...Très épuré. Ce n'est pas surprenant que je ne me sente pas vraiment à mes aises, ici. C'est trop ...beau pour moi. Je suis encore surpris qu'il m'ai proposé de rester pour dormir. Moi qui était si sale et puant en arrivant devant sa porte, hier soir!

Il me fait sortir de mes songes en sursautant et je dis sur on ton de soldat «Oui, d'accord.» avant de me diriger vers la salle à manger et y rester debout devant une chaise. Ai-je la permission de m'asseoir? N'en sachant rien, je préfère rester ainsi. Planté comme un piquet. Je le vois ensuite arriver. Il s'assoit alors, hésitant, je fini par m'asseoir aussi devant lui avant de prendre une tasse entre mes mains et souffler dessus. Chaud! À sa question, je dis «Je suis ébéniste. Je pourrais vous aider à faire des meubles ...Je sais aussi réparer les toitures, peinturer ...» regarde les murs blanc qui l'entour «...Ou ce que vous voulez, en vrai! Je sais à peu près tout faire comme travail manuel...» puis sourit timidement avant de souffler à nouveau sur son liquide bouillant.

Le voyant toutefois boire une gorgée sans broncher une seconde, je décide de faire pareil avant de vite déposer ma tasse, avaler difficilement et mettre mes deux mains sur ma bouche. Poussant un petit «Mmmmmhhh!!!» je hoche non et dit «Oh chaud! C'est trop chaud! Ooooh noooon! Comment avez vous fait...!? Je n'ai plu de gorge!!!» et me met à frotter rapidement ma gorge dans l'espoir d'apaiser ma douleur qui me brûle jusqu'à mon estomac. Comment a t-il fait!?!? mais voyons donc!? J'ai de plus en plus de mal à comprendre cet homme! Est-il un robot? Un Alien? Un sur-humain? Qui est t-il? Qu'est-il?