Un reflet bien étrange - Ali

Un reflet bien étrange.
Ali & Hélios

 Aujourd’hui t’es nerveux, genre vraiment nerveux, au point de manquer de te ramasser un poteau en pleine face dans la rue. Tu avais dit le jour précédent à DarkOpium que tes parents essayaient de te caser avec ton amie d’enfance, Célestine, que tu étais paumé et que ton frère t’avait proposé d’habiter chez lui. A vraie dire, tu lui avais tout balancé, comme toujours, c’était devenu une habitude et tu te sentais bien mieux après lui avoir parlé. Puis, vous aviez décidés de vous voir, pour la première fois depuis un an, tu allais enfin le ou la voir. Vous deviez vous retrouver dans un bar près de l’université. Toute la matinée tu avais cours, du coup, tu devais le retrouver après. Mains dans les poches, ton sac à dos sur l’épaule, tu entres dans le café en silence, assez mal à l’aise. Tu n'aimes pas les endroits qui contiennent trop de monde, c’est un gros défaut chez toi. Mais bon, pour une fois, tu allais faire abstraction. Allant te poser sur une banquette, tu sors ton ordinateur et tes cours, étant dix minutes en avances. Tu commandes également un café, ta boisson de prédilection. Pour la peine, tu lui avais donné ton numéro de téléphone au cas où il ne pourrait pas venir, chose que tu n’espérais pas. Parce que oui, là, tu avais vraiment envie de le voir. Depuis un an vous ne cessiez de parler, de virtuellement vous rapprocher. C’était comme naturel pour toi de devoir sans cesse lui parler, lui raconter tes journées, tes joies, tes peines. Cette personne, elle te manquait quand tu ne lui parlais pas, passant des heures les yeux rivés sur ton écran à taper sur ton clavier. Tu sursautes quand ton café arrive et tu bafouilles quelques remerciements maladroits, alors que la serveuse t’observait surprise. Ben quoi, elle a jamais vu un mec timide ! Tu avais annoncé à DarkOpium que tu serais vêtu d’un haut noir et d’un gilet de la même couleur, ainsi que d’un jeans plutôt basique. Rien de bien extravagant, néanmoins, tu avais ajouté que tes cheveux étaient toujours batailles, ce qui est une terrible vérité. Buvant une gorgée de ton café, tu te mets à écrire une thèse que tu devais rendre d’ici deux semaines. Basique, facile, tu étais doté d’une grande intelligence et ça t’aidait pas mal dans tes études en médecine. Tu te concentra donc là-dessus, essayant de ne pas regarder toutes les minutes l’heure qui ne semblait pas s’écouler.

© ACIDBRAIN

T'avais un rendez-vous. Pour la première fois de ta vie, toi, t'avais un rendez-vous. Miracle, on pourrait le dire. C'était juste que t'avais invité Hely à vous voir pour la première fois, après un an de discussion, après que tu ai commencé à ressentir cette attirance pour lui, tu allais voir son visage. C'était quelque chose que tu n'aurais pas fais de si tôt, habituellement, mais il t'avait apprit pour ce que ses parents essayaient de faire et tu t'étais dis que ça urgeait. Et en effet, ça urgeait. Parce que tu avais ce rendez-vous dans dix minutes avec lui, et l'ingénieur que tu assistais t'avais demander de monter le son des instruments, et tu avais finis mais il voulait que tu fasses des ajustements. En dix minutes tu avais bien le temps de le faire, mais le temps qu'il vérifie ? Clairement pas. Alors tu avais pris ton téléphone, tu lui avais envoyé un seul message qui disait clairement ce qu'il se passait. Mon boss me retient prisonnier, j'vais être en retard de quelques minutes mais t'en fais pas, j'arrive. Ces mots exacts que tu as écris, et tu as rapidement terminé. Dix minutes de retard, déjà. Dix minutes de plus le temps que ton boss te dise que tu pouvais partir, quinze minutes de plus le temps que t'y arrives. Trente-cinq minutes de retard au total, quelques minutes ? T'avais eu tord. Tu lui avais dis que tu étais habillé avec une chemise à carreaux bleue et c'était bien le cas, au final. T'avais oublié de préciser que tu serais probablement décoiffé à cause du casque de ton scooter, mais ça encore c'était rien. T'avais retiré ce casque rapidement en entrant et tu avais regardé autour de toi pour trouver ce qui correspondait à la description qu'il t'avait donné. Et puis tu le vis, dos à l'entrée. Alors tu t'es approché de lui, assez rapidement. « Excuse-moi.. Hely ? » Ton accent français ressortait fortement, t'espérais au fond que tu ne l'ai pas trop pris et que ça ne détruise pas ta prononciation anglaise, t'avais pas spécialement envie d'expliquer d'où ça te venait. Parce que tu n'avais pas expliqué à Hely que tu avais vécu quatorze ans de ta vie en France. T'es resté derrière, parce qu'au fond cette histoire de rendez-vous te faisait un peu flipper.

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Ali & Hélios

 Ton téléphone vibre et tu sursautes, appuyant un peu trop longtemps sur la touche « e », donnant un « eeeeeee » à la fin de ta phrase. Seigneur, ce n’est pas possible d’être aussi nerveux. En-même temps, voir cette personne était quelque chose dont tu rêvais depuis bien des mois sans jamais avoir osé le dire. Attrapant ton téléphone, tu lis le message rapidement. Apparemment il aurait du retard. Pas grave, tu allais pouvoir avancer dans ton travail. Tu n’es pas du genre impatient comme garçon, de ce fait, ça ne te dérangeait pas d’attendre tant que ce n’était pas pour rien. Tu continues à pianoter sur ton clavier, écrivant quelques petites choses sur ton carnet par la même occasion. On voit que tu as l’habitudes d’être sur ton clavier, tes doigts glissent sur les lettres sans que tu n’aies besoin de regarder ceux-ci. C’est alors qu’une voie se fit entendre derrière toi, prononçant ton pseudo du net. Tu sursautes une fois de plus. Tu t’étais appuyé sur ton coude, du coup, celui-ci glisse sur le côté et tu manques de te manger le sol. Te rattrapant de justesse, tu te retournes assez rapidement. « Oui c’est… » Pause, beug, surprise totale. Attendez là, c’est une blague ? Genre, elles sont où les caméras ? Ton regard glisse sur le visage du jeune homme en face de toi, a vraie dire, tu as l’impression de te voir. Il est en tout point identique à ton reflet lorsque tu t’observes dans un miroir le matin. « Tu…je…tu… » D’accord, respire, fait une phrase complète et ça passera mieux. Enfin passer…Non mais, c’est carrément pas possible. Tu trembles légèrement, te levant avec une lenteur impressionnante. Comme un con, tu ne peux pas t’empêcher de poser ta main sur sa joue, histoire de voir si il est bel et bien réel. Une fois que tu réalises, qu’effectivement, il est fait de chair et de sang, tu retires ta main comme si sa peau t’avait brûlée…sauf que c’était un frisson qui c’était emparé de ton corps. « C’est quoi cette blague…t’es moi…enfin je suis toi…enfin on est… » Plusieurs personnes nous regardaient, sûrement impressionnés par la ressemblance physique qui s’étalaient devant eux.

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Et il se tourne vers toi, en parlant. Un frisson de surprise te brûle presque quand il se tourne vers toi. Identique. Vous étiez tout simplement identiques physiquement. T'es bloqué, presque immédiatement. C'était quoi ce bordel ? T'en avais strictement aucune idée. Pourquoi il devait forcément y avoir des histoires étranges comme ça quand ça te concernait ? Il arrive pas à faire une phrase complète, toi t'arrive même pas à prononcer un seul mot. Il ne t'a fait réagir qu'à un moment, au final. À l'instant où il t'a touché, où il a posé sa main sur ta joue et que son contact semblait te brûler. T'as eu un mouvement de recul. Tu n'étais pas habitué à ce qui était tactile, on t'avait toujours éloigné de tout ça alors ça ne te semblait pas normal. Et t'as froncé les sourcils à ses mots, avant de fermer les yeux et de te reculer. « Ok, je vais me réveiller. J'savais que j'étais instable mais pas au point d'avoir des hallucinations comme ça. » Tu t'es éloigné, là ça te touchait tout particulièrement parce que tu ne croyais absolument pas à ce que t'étais en train de voir. T'avais réellement l'impression d'halluciner, même si tu avais eu la preuve tactile qu'il était réel. Et puis t'as marché dans le pub, à peine, avant de tenter de t'appuyer à la table, de glisser et de manquer de tomber, tout ça en te faisant mal, ce qui te prouvait au final que ce n'était pas un rêve parce que sinon, tu te serais réveillé. « Ok. Pas un rêve. C'est quoi.. Ce bordel. » Et tu t'es tourné vers lui, t'as attrapé la cuillère qui était sur la table et tu l'as littéralement menacé avec. « T'es qui, tu viens d'où, t'as quel âge et tu veux quoi exactement ? » T'étais pas du tout paranoïaque ou stressé comme type, pas du tout. T'étais juste un peu trop prudent, et là tu te sentais un peu en danger au final, avec ce type qui te ressemblait comme deux gouttes d'eau, et qui disait être Hely visiblement. Cette pensée te fit prononcer une dernière phrase, bien plus agressivement. « Et surtout, t'as fais quoi d'Hely ? » Juste au ton agressif que t'avais pris et au regard que tu lui lançais, ça prouvait bien qu'au fond tu tenais à ce Hely. Tu tenais énormément à lui, à cause de cette attirance et de ce début d'amour que tu ressentais pour lui. « T'as intérêt à répondre vite et bien, même une cuillère ça peut faire très mal, crois-moi. » T'avais déjà réussi à faire saigner quelqu'un avec une cuillère quand t'étais en France, en réalité, t'avais pris la cuillère et lui avait frappé tellement fort sur la main avec le manche de celle-ci que tu lui avais déchiré la peau, simple réaction de ton impulsivité. T'espérais ne pas devoir le faire là.

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 Quand tu avais posé ta main sur lui il avait reculé, chose assez normal vu la situation. Néanmoins, tu avais pu comprendre qu’il était bel et bien réel, que ce n’était pas une hallucination, que tu n’avais pas été drogué. Ce mec était bel et bien devant toi, genre, ce n’était pas un masque vous voyez ? Tu le vois commencer à marcher dans la pièce, manquant de se viander en beauté. Ok…Il y a plus que la ressemblance physique là, parce que tu avais manqué de te ramasser quelques secondes plus tôt également. Tu passes une main dans tes cheveux, le cœur battant bien trop vite dans ta poitrine. Tu ne peux pas y croire, ce n’est pas lui la personne avec qui tu parles depuis un an, pour qui tu ressentais une dépendance surprenante. Non, ça ne peut pas être lui, ça ne peut pas être ton DarkOpium. Tu sens la panique t’envahir comme une bouffée de chaleur. Tu tournes sur toi-même cherchant une issue de sortie, alors que l’autre là, il vient te menacer avec une cuillère. Ton premier réflexe fut de chopper un de tes livres et de te protéger avec, poussant un petit couinement peut virile. « Non mais t’es cinglé. » Non mais t’es tombé sur un psychopathe hein, le mec il veut te troncher la tête avec une petite cuillère et toi tu te protège avec un bouquin d’anatomie humaine. Il te demande alors plus furieusement où se trouve Hely, te menaçant de son arme fatale. « Mais…mais c’est moi, va-y arrêtes de me menacer avec ça, c’est genre pas cool putain ! » Vous étiez en train d’attirer l’attention, mais là, sur le coup, tu n’en avais rien à foutre. « Puis, il est où DarkOpium putain ! T’es qui toi ! Pourquoi tu viens me menacer ! Je t’ai rien fait. » Tu essayes de paraître franc sauf que, quand tu parles, ça fait plus un couinement qu’autre chose. Tu n’es absolument pas convainquant. En-même temps, tu es du genre trouillard et pacifique. Tu recules d’un pas, te prenant les pieds dans la chaise tout en faisant une belle chute en arrière. Voilà, ça s’est fait… « C’est un cauchemar…je veux me réveiller genre tout de suite. » Sur le coup, ta manche remonte et dévoile un bracelet dont tu lui avais déjà parlé lors de vos conversations. Un bracelet en or que tes parents t’avaient offert pour ton anniversaire et qui portait ton prénom.

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Son cri quand t'as attrapé la cuillère t'as immédiatement étonné, t'as haussé les sourcils et t'as penché la tête en l'observant. Moins viril tu meurs. En plus c'était encore moins crédible alors qu'il se protégeait avec un bouquin sur l'anatomie humaine. Et il te demande où se situe DarkOpium, à cet instant t'as presque envie de le frapper. Tu le vois essayer de fuir alors tu reposes la cuillère en soupirant bruyamment avant de poser ton casque de scooter sur la table. Et puis tu t'approches de lui, qui s'est littéralement étalé au sol, et t'as penché la tête. « Non c'pas un cauchemar. Si tu veux j'peux te mettre une gifle, si tu te réveilles c'est que c'est un cauchemar. Sinon navré c'en est pas un. » Et tu t'es baissé vers lui, t'as voulu le redresser et ce bracelet a attiré ton attention, alors tu l'as regardé. Hely t'avais déjà parlé de ce bracelet, alors tu compris presque immédiatement que ce n'était pas qu'une personne qui se faisait passer pour lui. Tu l'as redressé, et tu t'es redressé en même temps, puis t'as mordu tes lèvres. Le stress. À ce moment tu savais quoi faire pour lui montrer que tu étais toi, immédiatement même. T'as juste relevé ta manche gauche et tu lui as montré le tatouage que tu avais sur l'extérieur du poignet, qui représentait le kanji du mot "Akuma" en japonais. « Il me semble que je t'en ai déjà parlé, de ça.. » C'était un tout petit tatouage, et évidemment que tu lui en avais parlé vu que t'avais douillé sévère quand tu l'avais fais faire. Et puis tu t'es reculé, tu t'es assis et t'as passé tes mains sur ton visage, dans tes cheveux, juste avant de mordre tes lèvres. Tu comprenais pas ce qu'il se passait, tu comprenais pas pourquoi est-ce qu'il te ressemblait autant, c'était quoi le soucis encore ? « Je comprends pas.. Pourquoi tu.. Pourquoi on.. Comment c'est possible ? J'ai pas de frère ou de cousin ou quoi que ce soit, j'suis le seul enfant de ma famille alors comment.. C'est pas possible qu'on soit des sosies aussi identiques, c'est complètement hors de la génétique je... J'ai.. J'comprends pas. » Un soupir s'échappe de ta bouche. T'es complètement perdu, maintenant que t'es plus calme, que tu ne le menace plus avec cette pauvre petite cuillère. Là, t'as juste l'air d'être un pauvre petit gosse complètement perdu dans un trop grand supermarché et qui comprend pas par où on sort.

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 Tu vois son visage se pencher juste au-dessus de toi et, par réflexe, c’est à peine si tu ne te recroqueville pas sur toi-même. En même temps, il ne c’était pas montré très doux avec toi et, dans ton enfance, tu avais souvent eu le rôle de souffre-douleur. Tu pousses un petit couinement quand il te parle de te mettre une gifle. « Non mais…t’es violent comme mec. » Ben oui, le mec là il te menace avec un couvert, puis il te dit qu’il peut te mettre une gifle. Puis le prochain truc c’est quoi ? Il va sortir les menottes et le fouet ainsi que la laisse ? Manquerait plus que ça…Il finit par te tendre la main et tu hésites une seconde avant de la prendre dans la tienne, pour ainsi te relever. C’est pas comme si tu ne t’étais pas fait mal hein, ton dos en avait pris un sacré coup. Tu ne peux t’empêcher de le regarder, d’ailleurs, quand il a commencé à se mordre la lèvre tu t’es surpris à trouver ça assez mignon. Non mais oh ! Va y c’est carrément narcissique là mec ! Tu pique un far en détournant les yeux, sauf que ton regard fini par se poser sur son bras, découvrant son tatouage. Ok, là t’es dans la merde. C’est bien ton DarkOpium, le mec avec qui tu correspond depuis un an, le mec pour qui ton cœur palpite à chaque fois que tu lui parles. Tu passes une main nerveuse dans tes cheveux puis sur ton visage, la gorge serrée. « Je…oh bordel… » Tu restes planté sur place durant quelques secondes, alors que lui, va s’asseoir. Tu finis par le suivre, te posant juste en face de lui, la mine complètement déconfite. Tu l’écoutes, mais toi-même tu ne comprends pas la situation. C’est alors que tu remarques ton ordinateur. Mais genre, le truc, c’est que sur la face tu as fait un dessin avec son pseudo au milieu…putain ! Reclapant brusquement le clavier, tu le retournes et tu manques de l’exploser en deux sur le coup. D’accord, il a rien vu…hein qu’il a rien vu ? « Je…je sais pas…je comprends pas. » Détournant les yeux, tu enfouis ton visage dans tes mains, les nerfs à vifs. C’est alors que tu dis simplement, comme si c’était naturel. « J’ai été adopté à la naissance…je suis d’Ecosse. » ça, tu ne lui avais jamais dit, parlant rarement de ça avec les gens. Dégageant tes mains de ton visage, tu te dis qu’il n’avait pas dû comprendre grand-chose à cause de celles-ci. « Je suis d’Ecosse, j’ai été adopté quand j’étais bébé par ma famille actuelle…ça a peut-être…enfin…je sais pas…je… » Tu sens ta gorge te serrer. A vraie dire, ton monde s’écroule. La seule personne qui avait réussi à te faire te sentir bien, vivant et bien, tu avais dès lors l’impression que celle-ci allait te rejeter.

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Il ferme son ordinateur quand il s'assied en face de toi, tellement brutalement que ça t'as presque fais sursauter. Et puis il parle, il parle et ses mots te brisent de plus en plus. Tu savais que vous aviez le même âge. Tu savais ça, et jusqu'ici ça ne te semblait pas être quelque chose de très important, jusqu'à maintenant, qu'il te disait qu'il était né en Écosse. Tu l'as regardé pendant un long moment et puis t'as finis par mordre tes lèvres encore une fois. Ce n'était pas quelque chose qui pouvait être une coïncidence. Pas autant de coïncidences d'un coup. « J'suis né à Edimbourg.. » En Écosse, donc, tu pouvais parler plus clairement, ça fonctionnait tout autant. Mais ton cerveau le refusait, t'étais littéralement en train de dérailler. Comment est-ce qu'on pouvait se retourner contre toi à ce point ? Au point où la personne pour qui tu avais des sentiments semblait presque être ton frère, ou était probablement ton frère ? « Et mes grands-parents reprochaient à mes parents d'avoir eu.. Des.. Enfants. Alors que je suis fils unique.. » T'avais envie de pleurer à cet instant, comme une envie subite qui te frappait d'un seul coup. T'avais envie de partir aussi, mais tu craignais que tes jambes ne supportent pas le poids du reste de ton corps. Alors t'as fermé tes yeux et tu t'es laissé t'écrouler sur la table en posant ta tête contre celle-ci, un soupir profond sortant de ta bouche. « C'est un cauchemar.. » Non pourtant c'en était pas un, tu l'avais expliqué quelques secondes plus tôt au jeune homme. Et puis tu t'es finalement levé, t'as attrapé ton casque et tu l'as regardé. « J'suis désolé.. Vraiment désolé. On.. On aurait du continuer à parler sur internet et puis c'tout. Je.. Je peux juste pas. Y'a des choses qui font que.. Que je peux pas. J'aurais préféré pas devoir partir mais là.. Là c'est trop. J'suis désolé. » Et t'as voulu fuir comme ça, tu t'es grouillé même pour fuir en fait, t'as poussé brutalement la porte pour sortir et t'as remis ton casque sur ta tête, rapidement. Tu voulais partir, le plus vite possible. À cet instant, tu avais l'impression d'être dans une pièce de théâtre tragique grecque. Brutale fatalité, tes parents avaient énervés un dieu et voilà qu'il déchaînait sa douce colère contre toi, à présent.

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Ali & Hélios

 Et là, c’est le choc. Il t’annonce qu’il est également né en Ecosse, mais également dans la même ville que toi…Non, c’est impossible, ça ne peut pas être une coïncidence, serait-il…Tu as du mal à y croire, tu as du mal à le réaliser. Un frère ? Non, pire, un jumeau ! Tu détournes les yeux et tu ne peux t’empêcher de murmurer. « On est jumeaux. » Non, non…non pitié pas lui, pas ça. Pourquoi lui ? Pourquoi la seule personne avec qui tu te sens bien est de ton propre sang ? Non, il doit y avoir une raison logique. Tu sens les larmes monter et tu tentes de les ravaler. Tu sursautes quand il se met à parler et avant même que tu puisses dire quoi que ce soit, il se dirigeait vers la porte et sortait. Non…Sérieux ? Il t’abandonnait là ? Tu étais censé faire quoi ? Puis, tu ne connaissais même pas son prénom putain ! Tu abandonnes tes affaires sur la table et tu te mets à courir vers la porte, d’ailleurs, tu en oublies de freiner et c’est à peine si ton nez ne vient pas s’écraser contre la vitre. Sortant, tu trébuche. Toi et ta maladresse légendaire, tu es un vrai danger public ! « Attends ! Non mais sérieux attends. » Tu te diriges vers lui, te foutant devant son véhicule alors qu’il avait déjà mis son casque. Déjà, tu sentais l’émotion te submerger comme un ras de marré brutale. Non, tu ne voulais clairement pas abandonner là, tu n’en avais pas le courage, tu ne voulais pas être de nouveau seul. « Tu…je sais même pas ton prénom…C’est pas facile pour moi non plus… » Sauf que tu sais que si il souhaite partir, il n’allait pas rester. Du coup, tu t’éloignes légèrement en baissant les yeux. « Moi c’est Hélios…comme ça tu le sais. Je suis désolé d’avoir été un boulet, vraiment. » Tu croises légèrement les bras contre ta poitrine avant de soupire. Tu ne peux décemment pas lui en vouloir, encore moins le retenir, tu n’as aucuns droits. « J’suis quand même content de t’avoir vu… » Puis, tu fais deux pas en arrière avant de lui tourner le dos et de retourner dans le café. Déjà, tu rassemblais tes affaires pour partir. Tu dois t’en aller, aller te morfondre dans ton coin comme tu sais si bien le faire. A présent, tu avais l’impression d’avoir perdu la seule relation vraiment importante pour toi.

© ACIDBRAIN