La nuit la plus longue [DAMANI]

Penché sur son ordinateur, Damani était en train d’écrire un article sur le dernier reportage qu’il avait réalisé dans le couloir dans le quartier nord de la ville. Un quartier qu’il n’avait pas l’habitude de fréquenter, mais il se devait quelquefois de réaliser des reportages non militants. Son compte en banque se rapprochait de la zone dangereuse et il devait au moins avoir assez d’argent pour payer son loyer et se nourrir. Ces derniers jours, il avait raté quelques repas, mais il savait qu’il fallait qu’il ne pouvait pas continuer dans cette voie, au risque de perdre encore du poids. Si bien, qu’il se dépêcha de terminer son article pour l’envoyer au journal avant la date limite, soit 20h. Il était heureux d’avoir fini à temps, mais son estomac lui rappelait qu’il se devait de manger quelque chose ce soir. Ainsi, il se dépêcha, paya ses cafés et partit en direction du centre commercial, comptant acheter une boite de conserve pour son repas du soir.  Il rentra rapidement, juste avant la fermeture des portes, et se dirigea vers le rayon intéressé. Néanmoins, légèrement indécis sur son achat, il passa quelques minutes devant les articles et eut la surprise de voir les lumières s’éteindre subitement, la musique de fond s’éteignant au même instant. A présent, il se trouvait dans le noir quasi complet. On l’avait oublié, il ne manquait plus que ça ! Au moins, quitte à rester enfermé, il aurait de quoi se nourrir, presque à volonté. Une pensée qui le fit sourire alors qu’il prenait une boite de conserve de légumes dans sa main. Avec de la chance, il pourrait trouver un employé du magasin, il n’était pas nécessairement seul, une personne aurait pu rester. Ainsi, il se rapprocha des caisses et eut la joie de tomber sur une personne. La lumière n’était pas assez forte pour identifier sa tenue, mais il s’adressa à la personne comme s’il s’agissait d’une salariée : « Hé bonsoir madame ! Vous me sauvez la vie, je crois qu’on m’a oublié dans le magasin. Vous pouvez m’ouvrir les portes ? ». Damani oubliait un peu qu'il devait payer sa boite de conserve, mais pour l'instant, c'était la question de sa sortie qui le préoccupait le plus.

Tenue de Damani

Note à moi-même : à l’avenir interdiction de lire un bouquin dans un magasin. Quelle idiote j’avais été franchement ! Comment avais-je pu être aussi stupide et ne pas entendre les rappels des hôtesses d’accueil du magasin ? Et où était passé le vigile qui habituellement informait les clients que le magasin allait fermé ses portes pour la nuit ? J’étais si invisible que cela aux yeux des gens ? A croire que oui… bref, alors même que j’avais filé rapidement vers la sortie et tenter, en vain, d’ouvrir les portes automatiques, j’allais prendre mon portable pour essayer de joindre quand celui-ci avait décidé de me lâcher. Saleté de téléphone ! Levant par la suite la tête pour regarder autour de moi, afin de trouver un moyen ou un autre de quitter les lieux, j’avais été interpelé par la voix d’un homme, qui avait, lui aussi, l’air de se trouver dans la même galère que moi. Me tournant alors face à lui, j’avais fini par secouer la tête de gauche à droite, avant de lui répondre, en esquissant un léger sourire :

- Je suis désolée… je ne travaille pas du tout dans ce magasin et je suis tout comme vous coincée ici. Apparemment les vigiles n’ont pas fait leur job correctement ce soir…

Lui montrant ensuite mon téléphone, qui n’avait plus de batterie, j’avais fini par ajouté :

- Vous auriez un téléphone ? Peut-être qu’avec celui-ci on pourrait demander de l’aide à quelqu’un de l’extérieur, non ? Le mien m’a lâché au moment même où j’allais appelé les secours.

Damani avait vécu de nombreuses mésaventures, mais jamais ô grand jamais, il n’avait réussi à être oublié dans un magasin. Au moins, se disait-il, il aurait une histoire amusante à raconter à Nerea lorsqu’ils se verraient. Mais, il espérait être sauvé grâce à cette jeune femme qu’il avait aperçue, qu’il supposait être une caissière ou qu’elle travaillait au moins dans le magasin. Il acceptait l’aide de tout le monde en cette soirée, tant qu’il pouvait rentrer chez lui. Néanmoins, il perdit espoir lorsqu’il l’a vu secouer négativement sa tête. Elle s’excusait, mas elle ne travaillait pas dans le magasin et se retrouvait comme lui, enfermée. Les vigiles n’avaient pas surveillés les rayons ce soir, des mots qui le firent sourire malgré lui, prenant la situation avec toujours de l’humour : « Nous sommes à présent livrés à nous-même alors ! ».

La jeune femme n’avait apparemment plus de batterie sur son portable, elle lui demandait s’il avait un téléphone pour qu’ils puissent demander de l’aide. Heureusement pour eux, Damani avait son téléphone avec lui et ils pourraient sortir sans crainte.  Ainsi, Damani attrapa simplement son portable dans sa poche de pantalon et grimaça lorsqu’il vit que son téléphone n’arrivait pas à capter une seule barre de réseau. « Ce que je craignais est arrivé, j’ai pas de réseau… vous avez pu vérifier si votre téléphone captait quelque chose avant qu’il s’éteigne ? Si c’est le cas, en démontant les téléphones et en échangeant les cartes SIM, on devrait pouvoir appeler quelqu’un. ». Damani posa son regard sur les plafonds à la recherche d’une quelconque caméra « Avec de la chance, il y a des caméras à détecteurs de mouvements et le directeur est dès à présent au courant de notre présence… et les vigiles vont arriver nous prenant pour des voleurs. ». Souriant simplement à la jeune femme il reprit : « Sinon, il ne nous reste plus qu’à casser une vitre de la porte d’entrée ou attendre qu’un gardien circule près de l’entrée. Il faut juste choisir quelle option est la meilleure... si vous n'avez pas de réseau non plus. ».Plusieurs choix étaient possible, il ne leur restait plus qu’à choisir.  Se rapprochant de la jeune femme, il lui tendit sa main : « Damani Belley et vous ? Je pense qu'on peut se présenter, on risque de passer pas mal de temps ensemble ce soir. »