Kiss me (stan - 11)

La douleur des coups de Gabriel continue de meurtrir ma chair, mais il est évident que je demeure particulièrement fragile face à tout ce qu'il s'est passé. L'appel de la drogue se fait toujours plus puissante. Mon corps est cruellement en manque et une petite voix dans ma tête ne cesse de m'insuffler de lâcher prise. La culpabilité qui m'habite est si forte depuis que j'ai pris connaissance de l'enfer dans lequel je t'ai plongé, mais est d'autant plus forte lorsque je vois dans l'état je te plonge. J'ai peur de quitter l'hôpital. Je suis tiraillé par la menace faite par Gabriel, même si je la mérite. Je suis comme un navire qui errent en eau trouble et agitée. Tout est tellement désorientant, oppressant, mais je tiens bon pour toi. J'essaye de prendre soin de toi. Peut être que mon acte semble être de redomption aux yeux d'autrui, de Erwin. C'est sans doute le cas, mais j'ai besoin de me concentrer sur autre chose que moi sous peine de sombrer. Je vois bien que tu retombes malade, que l'absence de Gabriel ronge ton coeur avec tant de force que tu te laisse mourir. Nos échanges par SMS me le font percevoir. Et je m'angoisse encore plus. Si tu savais comme j'ai peur pour toi. Ironique n'est ce pas ? Je remonte à ta chambre après avoir fumé ma deuxième cigarette​. Je ne peux pas te laisser entrevoir ses larmes qui perlent régulièrement sur mes joues, loin des regards des autres. Tout ça, je l'ai mérité, mais pas toi, bordel. Pourquoi est on si dépendant de l'autre. Je te retrouve, pousse la porte de ta chambre. Mon regard s'ancre au tien. Je sais que tu passes tes nuits à pleurer. Tes traits en portent les stymagtes. Mon coeur se compresse dans ma poitrine alors que je me rapproche de ton lit. Ma robe d'hôpital cache mes propres blessures, alors que je m'assis difficilement sur le siège à côté de ton lit. "Me voilà. Voici ton sandwich. Manges le." Je te le tends, t'invite à mordre dedans. Mon regard est brillant, te supplie de t'alimenter sans rejoindre les toilettes par la suite. Ne me rends pas plus coupable d'avoir saccagé ta vie, que je ne l'éprouve déjà. Cela me donne juste envie de me retourner la tête, plus fort que jamais.

Ton absence et nos messages font remonter mes émotions à la surface. Elles éclatent avec virulence au creux de mon coeur, laissant un goût d'amertume en bouche. Je pense au viol récent, à la culpabilité qui te ronge et que tu affiches clairement dans chaque regard ou parole, et surtout à Gabriel. Il me manque avec force, créant cette forme de déchirure au fond de moi. Elle me donne un goût d'enterrement parfois, mais ta présence m'empêche de commettre une bêtise humaine. Je me sens tellement brisé de l'intérieur, à cause des mots sans doute véridiques de mon oncle. Je me sens angoissé, anéanti, sans pouvoir visualiser une issue à ce torrent de souffrance. Alors je plonge dedans pendant que tu es occupé à fumer, pour me décharger de ces frustrations trop insistantes. Je pleure un coup, sanglote sans arriver à me contenir. Le soir, lorsque j'entends tes légers ronflements, je peux enfin me lâcher et verser des larmes en silence. Je me noie dans les souvenirs qui me raccrochent à Gabriel, je pense à toutes les promesses qu'il a brisées par sa froideur et son ton tranchant. Je sèche tout au bout de cinq minutes, lorsque je sens que tu ne vas pas tarder à revenir. J'imbibe mon visage d'eau puis l'essuie, avant de me concentrer sur un feuilleton débile à la télévision. Tu reviens finalement, avec mon sandwich entre les doigts, et tu me le tends en me jetant un regard larmoyant. Tu me supplies de croquer un bout, de m'alimenter, mais je me sens incapable d'accéder à ta demande. Mon cœur se soulève à cette vision, et mon appétit s'envole loin de mes tripes. « Mh. J'ai perdu l'appétit désolé. Je vais mettre de côté pour l'instant. » Je l'attrape et le pose sur le meuble à côté de mon lit. J'observe ton visage sans commenter : les ecchymoses deviennent violets, et les blessures soient soignées. On fait la paire tous les deux !

Je mets de côté ma culpabilité pour te retrouver, me concentrer sur ta situation qui m’inquiète. Tu as perdu du poids, les traits de ton visage sont défigurés par le manque de sommeil et surtout la tourmente que procure l’absence de Gabriel. Je ne suis pas dupe. J’ai conscience que lorsque la fatigue m’emporte, tes pleurs viennent inonder silencieusement tes joues. Je sens que l’angoisse te pousse de nouveau à te sous alimenter et régurgiter tout aliment de ton corps. Cette réalité ne fait qu’approfondir ce mal être profond que je ressens au plus profond de mes tripes. Mon cœur se comprime douloureusement dans ma poitrine à cette idée. Je me rapproche de toi, te tends ce sandwich que j’ai acquiert pour toi. J’ai l’espoir de te voir le manger, de prendre le temps de le digérer pour que tu donnes de la force à ton corps plus faible que jamais. Tu me déclares avoir perdu l’appétit. Cette nouvelle me déplait, mais je n’affiche que cet air coupable qui ne me quitte pas. Je sens ton regard sur moi. Tu regardes ses marques avec attention. « Ne me regarde pas comme ça. C’est immonde. » Je déclare dans une petite voix en venant me replier sur le fauteuil. Je grimace face à la douleur, laisse mon regard trainer sur le sandwich. « Allez, mange un bout, s’il te plait, Stan. » Je déclare en venant défaire le papier du mien. Je tâche de réfléchir à ce que je peux faire pour parvenir à te faire manger. « Si tu le manges, je ferai ce que tu veux. » Je murmure en venant retrouver ton regard. « Comme un bisou. » J’ajoute avec l’espoir que cette information créera suffisamment d’intérêts pour que tu t’appliques à consommer ce morceau. J’ai cet utopique espoir que cela fonctionnera. C’est juste une torture de te voir dans cet état et je lutte sans cesse pour me raccrocher à la promesse que je t’ai faite. Seulement, tu ne me facilites pas la tâche. Cette putain de réalité me donne juste envie de me refugier encore plus furieusement dans l’inconscience, si tu savais. Si seulement, je n’avais pas peur de devenir un danger de nouveau pour toi.

J'ai le coeur lourd de rage, frustrations et souffrance. J'ai de la difficulté à évacuer cette douleur qui me plombe le moral. Ne pas avoir la présence de Gabriel près de moi, ni dans mes messages actuels, me foudroie l'âme. Je n'arrive pas à digérer qu'il soit absent de cette étape de mon existence, même si je l'ai cherché. J'aurais simplement voulu qu'il s'asseye sur le fauteuil, pour me regarder avec douceur, tout en emmêlant ses doigts dans ma tignasse. Mais pas un signe de vie, ni un acte de bonté. Après tout, j'ai dû le briser en mille morceaux et il doit simplement se replier sur lui-même à la villa. J'aurais voulu me déplacer jusque-là mais je n'en ai pas la force. Alors je me noie dans la souffrance jusqu'à ce que tu retournes dans la chambre auprès de moi. Tu m'offres un sandwich mais je n'en veux plus. « T'es pas immonde, juste blessé. » Je commente parce que je remarque quand même la beauté sous ces cicatrices et ecchymoses. « J'ai vraiment pas faim. » Je commente mais tu insistes tout de même, en laissant planer une proposition qui m'enchante. Tu m'offriras n'importe quoi en récompense, tu es prêt à faire n'importe quoi, même des bisous. Et franchement, je suis prêt à tout pour recevoir des baisers. Pour savourer ta bouche pulpeuse. « C'est vrai ? » Je demande confirmation et tu hoches la tête positivement. Je suis surpris mais je n'ai pas l'intention de chipoter, et bien de profiter de cette occasion. « OK, donne. » Je réclame en tendant le bras pour attraper le sandwich. Je tente de croquer un bout dedans même si mon ventre fait des siennes. Je suis écœuré devant la nourriture, je n'ai pas envie que ça intègre mon corps. Je veux rejeter tout ça. Mais je préfère surtout avoir ta douceur, elle me manque malgré tout. « A chaque bouchée avalée ? Car c'est dur. » Je réclame plus qu'un baiser, je profite de ta faiblesse et tant pis.

Mes ecchymoses demeurent nombreuses sur chaque partie de mon corps. Les bleus marquent mon visage et je ne supporte l’apparence que j’ai en ce moment. Encore moins, le regard que tu peux porter sur moi lorsque tu me fixes de cette manière. Je ne dis mot à tes propos, ne désire pas lancer notre conversation sur un terrain glissant. Je préfère te tendre ton sandwich, j’essaye de te convaincre de manger. Ta situation est si alarmante. Cela me retourne les tripes de te voir replonger dans cette anorexie. Je suis impuissant face à cette réalité, coupable également, car je me sais responsable de ce mal qui te ronge les tripes. Alors, je m’applique à trouver toutes les possibilités qui s’offrent à moi. Je suis prêt à tout. Cette information semble t’intriguer et je hoche la tête à ta question. Oui, je suis prêt à t’embrasser pour avoir l’espoir de te voir manger. Ce que tu fais en venant prendre finalement le sandwich que je t’ai apporté. Tu en croques un morceau. Je sens bien que l’exercice t’es pénible, mais j’espère que tu sauras te nourrir convenablement grâce à ce marché mis en place. Cela n’est pas glorieux de ma part, mais je suis prêt à user de cette possibilité. Ta demande m’arrache un sourire en coin. Je sens que tu cherches à user de ma faiblesse, en me soutirant plus qu’un baiser. « D’accord, mais après que tu ais mangé. Tu en auras autant que tu avaleras de bouchées. » Je t’informe en bon joueur alors que mon regard fébrile et doux se plonge dans le tien. Je t’offrirai la douceur dont tu as besoin. « Promis. » Je t’en fais la promesse. Plus jamais, je ne chercherai à te faire du mal. Enfin, je l’espère. C’est ce que je veux.

Mon cœur explose dans ma poitrine, mais j'essaye de le mettre de côté pour une fois. Comment ne pas s'y concentrer alors que la douleur me lance à chaque seconde ? J'ai de la difficulté à me remettre des récents événements. Le viol me reste encore en travers les entrailles, prêt à me faire vomir. Mais aussi la disparition de Gabriel, alors que j'aurais souhaité son amour et soutien. Et puis toi aussi, qui m'observes avec ton regard de chien battu. J'en ai mal au coeur, surtout lorsque j'observe les ecchymoses qui soulignent tes yeux. Ils révèlent combien on souffre tous les deux, mais surtout la violence des gestes de mon oncle. Tout revient à la surface lorsque je t'observe, toutefois tu réussis à me faire dépasser cette amertume pour me diriger vers une pensée plus satisfaisante. Tu m'incites à me nourrir du sandwich que tu m'as ramené, bien qu'il ne me procure aucun appétit lorsque je le détaille. Je me force pourtant face aux récompenses que tu dessines. J'ai envie d'obtenir tes baisers, ta tendresse, alors je m'efforce de regagner un peu d'énergie en avalant quelques bouts. Ils coincent parfois au fond de ma gorge, comme s'ils peinaient à être ingurgités. Tu peux apercevoir ma difficulté à manger, puisque des rictus se forment sur mon visage. Lorsque j'atteins la moitié, je commence à ne plus pouvoir. Je me sens rempli et nauséeux. Alors je le repose sur la table de chevet, avant de tourner mon regard enfantin et timide dans le tien. « Je peux les avoir ? » Tu ne refuses pas obstinément, comme tu aurais pu l'entreprendre autrefois. Non, tu te penches vers moi pour m'accorder le baiser le plus sucré, somptueux et tendre que je n'ai jamais vécu. Le genre de bisou qui retourne les tripes et se marque dans la mémoire pour garder son authenticité inoubliable. J'ai le cœur qui palpite à trois cent pourcents. Je sens le plaisir animer mes entrailles, tandis que mes lèvres recherchent les tiennes sans cesse. Je crois que j'en réclame davantage que tu m'en devais, mais tu ne sembles pas enclin à me refuser.