You know I won't live here (ft. Orion)

Le moment que j'attendais le plus dans la journée ? La visite de mon frère à l'hôpital. En plus, ces derniers temps, les médecins étaient de plus en plus optimistes vis-à-vis de ma santé ; apparemment mon système immunitaire était plus fort qu'avant, moins défaillant, ils n'arrêtaient pas de dire que dans les prochaines semaines, peut-être même moins, je pourrais rentrer chez moi. Le problème ? Je ne sais même pas à quoi ça ressemble, ni où je vais vraiment aller. Pas chez mes parents, en tout cas. Orion m'avait dit qu'il allait me reprendre chez lui mais j'avais peur de m'imposer de trop, lui qui travaille et qui bien sûr a une vie plus active que la mienne. J'avais peur d'être trop attachée à ces murs d'hôpital pour aimer vivre une fois sortie. Assise sur mon lit, je n'arrêtais pas de faire bouger mes jambes de haut en bas comme une enfant impatiente, car évidemment, je l'étais de voir la bouille de mon jumeau débarquée, histoire de ne plus ressentir ce vide d'être loin de lui, d'être mal sans lui, incomplète, comme une phrase qui n'aurait pas de fin. Des pas rapides dans le couloir se font attendre après que le bruit des portes de l'ascenseur se fermant se fasse entendre et un grand sourire s'empare de mon visage alors que la silhouette du brun apparait devant moi et je saute sur mes deux pieds pour après sauter au cou de mon frère.

-Salut toi !

Sa vie dans la mienne était la meilleure partie de ma vie. C'était comme ça. Une vie sans mon jumeau ? Impossible à imaginer pour moi. Sans lui je n'aurai jamais tenue autant de temps à l'hôpital, et sans moi... Je crois qu'il aurait sombré à la mort de son meilleur ami. Le voir détruit a été la pire chose pour moi durant ces vingt-trois années. On était tous les deux excités du fait que j'allais prochainement pouvoir m'échapper de ces murs blancs pour le rejoindre dehors, enfin, depuis le temps qu'on attendait ça. Je crois même qu'il était plus impatient que moi de me voir sortir.

Je roule des yeux lorsqu'il me dit qu'il se faisait vieux et que je devais faire attention, c'est pas comme si j'allais le blesser avec mon maigre poids non plus, j'étais aussi légère qu'une plume. Des fois son humour était vraiment douteux. Une fois qu'il me pose au sol, je fronce les sourcils en voyant qu'une main reste dans son dos. Il me cache quooooooi ? Il savait qu'avec moi et ma curiosité, j'étais prête à le harceler pour savoir ce qu'il avait, mais heureusement je n'ai pas eu besoin de le faire car il me révèle directement ce qu'il a et instantanément, je pousse un petit cri de joie en sautillant sur place tandis que je me saisis du comics. NOM DE ZEUS ! Directement je fais un câlin à Orion et je dépose un baiser sur sa joue.

-Merciiii ! T'es vraiment le meilleur, en plus avec la sortie du film, c'est LE comics à avoir !

Directement je m'installe sur mon lit, laissant une place à mon frère et j'ouvre le livret pour commencer la lecture de celui-ci, un immense sourire sur les lèvres.

Alors que les autres partaient, étaient éphémères, moi je resterai toujours à ses côtés. C'était ça la famille, la vraie, non ? Et c'était encore plus renforcé quand il s'agissait d'un jumeau, personne ne pouvait imaginer le vide que je ressentais à chaque fois que j'étais séparée de lui, à chaque fois que je le voyais plus bas que terre, à chaque fois que je croisais son regard et que je savais que non, ça ne s'arrangerait pas. Il y avait eu Lydia, son accident, puis j'étais la majeure cause de malheur avec mes hospitalisations, j'avais passé plus de temps à l'hôpital qu'à la maison. J'ai toujours eu le sentiment que toute ma vie dépendait d'un instant précis, et que si je le ratais... Et bien, ce serait fini. Cette sensation, je l'ai à chaque fois qu'on m'annonce que je dois me faire encore une fois hospitaliser, mais j'ai envie de coire que si on rate un moment, bha c'est pas grave. Car il y en aura un autre, et même si celui-là on le rate, on a toute une vie pour réussir le reste.

Plongée dans ma lecture au début, je peux néanmoins sentir un certain malaise. Je connais mon jumeau comme ma poche, évidemment que je peux sentir quand un truc va pas, quand il commence je sais que ça n'annonce rien de bon. Je relève la tête en fronçant les sourcils et quand il annonce le retour de Lydia en ville, en disant que ça soit possible, seulement, je tire la tronche. Il se fout de ma gueule ? Au début j'ai un petit rire, plus nerveux qu'autre chose, puis je pense aux différentes manières de torturer l'ex de mon frère. C'est officiel, elle est morte. JE M'EN ASSURERAI !

-Le "il se pourrait' veut dire que tu l'as vue, sinon tu ne m'en aurais pas parlé. Dis-moi que tu l'as ignorée et...

Je connaissais ce regard. Il l'avait pas ignorée. JE VAIS LE TUER LUI AUSSI, CE FRÈRE INDIGNE !

Dans le fond, je me sentais coupable de lui rendre la vie aussi compliquée depuis un si jeune âge. J'ai jamais compris pourquoi il avait fallu que ça tombe sur nous, sur moi. Je songeais presque chaque soir à la vie différente que j'aurai pu avoir, peut-être que si je n'avais jamais été malade, mes parents m'auraient aimée. J'aurai peut-être découvert un super talent comparable à celui d'Orion quand il s'agit de jouer du piano, mais malheureusement, j'ai jamais rien pu découvrir. Tout ce que je fais, ici, c'est tenir un blog parlant de ma misérable vie alors que j'aurai pu avoir une vie d'exception.

Évidemment, le retour de Lydia ne m'enchantait pas. Absolument pas. Tout comme ça n'allait pas plaire à Alice, et dès là, Orion comprendrait que ça fait d'être entouré de nanas qui ont la haine contre lui, car bien sûr, je le connaissais assez pour savoir qu'il serait incapable d'être méchant ou encore de résister. Mais actuellement, il allait surtout comprendre pourquoi on appelle les ouragans comme les gens ! En plus il baissait les yeux. Alors là, je sens que ça allait pas être bon du tout. Dès qu'il prononça le mot "tactile", je lui fis les grands yeux et le frappa à l'épaule. NAN MAIS SÉRIEUSEMENT ! Là j'allais plus être à l'hôpital à cause de ma maladie, mais bien car je vais être reconnue folle furieuse !

-Et on s'en fout si l'idée lui déplait pas ! Tu ne retourneras pas avec elle, point. Elle a déjà fait assez de dégâts comme ça ! De quel droit elle se permet de revenir comme une fleur, alors qu'elle n'est rien de plus qu'une pomme pourrie ?

Croisant les bras sur ma poitrine, je soupirai de mécontentement. Je ne pouvais pas saquer cette fille, à l'époque j'étais passée au dessus de ça car mon frère était heureux mais là... Argh, pourquoi la nature m'a-t-elle faite aussi faible, sinon j'aurai été lui dire ses quatre vérités, à cette connasse.

Râlant comme une petite vieille, j'avais fini par croiser mes bras sur ma poitrine ce qui me rapprochait plus des attitudes des enfants râleurs pour le coup. J'étais quelque part entre les deux en fait. C'était plus fort que moi de réagir à l'extrême comme ça, je préférais souffrir moi que voir mon jumeau dans un état pitoyable, car ça faisait plus mal que n'importe quelle autre douleur. Je l'écoute d'une oreille, ruminant de mon côté suite à cette nouvelle pas très bonne quoi.

-Les gens changent pas. Ils peuvent changer de voie, mais pas ce qu'ils sont, je déclare froidement.

Continuant à faire la moue, je ne peux pas m'empêcher de penser que Lydia va encore lui faire du mal, d'une manière ou d'une autre, intentionnellement ou pas. Je sentais qu'il inspectait mon aspect physique mais je continuais de bouder telle une gamine, certaines choses ne changeaient pas. Je grogne un peu quand il déclare que j'ai un bourrelet et sans me tourner vers lui, je réplique.

-C'est toi le bourrelet, tss.

Alors que je veux rester sérieuse, en quelques secondes j'explose de rire avant de regarder mon jumeau, morte de rire. Je ne pouvais pas nier que ça faisait du bien de pouvoir être comme ça, pendant quelques instants oublier que j'étais dans un hôpital depuis trop longtemps pour ma petite vie. Une fois calmée, je me faufile entre ces bras avec un grand sourire.