Chercher ton pardon - Gabwin

Gabriel se retrouve face à des vérités qui lui écrasent le cœur. Les propos d’Erwin viennent sérieusement le chambouler. Il ne peut nier l’évident qui s’impose à lui. Mais il a du mal à l’accepter car elle reste douloureuse et elle ne lui fait entrevoir rien de bon. Pourtant durant cette descente en enfer un fait c’est imposé à l’architecte. Un fait qui le titillait avant cette blessure et qui le rendait fébrile. Mais est ce le bon moment pour aborder ce sujet qui risque de dérouter son ami bien d’avantage. Avec les mots qu’il vient de prononcer, cet aveu ne va-t-il pas faire l’effet inverse ? Et imposer une distance plus grande et plus douloureuse.  Gabriel pense que partir serait mieux, que l’instant est mal choisi pour lui faire part de ce sentiment qui le bouscule avec virulence depuis des semaines. Mais Erwin insiste. Et Gabriel parle. Au départ il laisse planer un doute pensant  que son ami comprendra. Mais non. Il n’a aucune idée sur l’homme qui a fait prisonnier le cœur de l’architecte. Pourtant il y a eu quelques signes avant coureur. Erwin n’a pas pu les louper. Ou bien Gabriel a fait fausse route. Cette idée le rend fébrile. Alors avant de dévoiler ce que son cœur lui crie depuis plusieurs semaines, il s’approche. Il essaie de faire comprendre par un regard plus intense, par des gestes plus intimes ce qu’il cache mais qu’il ne peut plus taire plus longtemps. Gabriel sent son cœur exploser dans sa poitrine quand il rend le contact plus charnel. Le souffle d’Erwin sur sa peau. Son parfum enivrant. La chaleur de son corps tout contre le sien. Cela ne fait qu’accentuer sa fébrilité. Augmentant le manque que cette situation a engendré. Il se sent comme un gamin perdu face à une émotion trop puissante pour lui. Parler est la seule issue pour ne pas perdre pied. Enfin l’architecte le voit comme ça. Il ignore en retour comment réagira son ami. La peur du rejet comprime sa poitrine. Même s’il y a eu des gestes, certaines choses ont changé vu le comportement de Gabriel envers Erwin. Et tout peut basculer à cet instant. D’ailleurs Erwin recule. Surpris par les mots de l’architecte. Comment pourrait-il en être autrement ? Gabriel laisse juste son regard se perdre d’avantage dans celui de son ami. Il reste face à lui. Ne cherche pas à se rapprocher à nouveau, ne voulant pas le brusquer. L’aveu doit être assez dur à encaisser. Voir impossible à admettre.  Même lui ne s’est pas encore remis de cette évidence. Gabriel sent le trouble d’Erwin au travers de sa voix. De son regard. De son être qui tremble. « J’ai eu du mal à y croire aussi Erwin. Je suis confus, je te l'accorde .. mais pas sur ce point là. Je crois qu’au fond de moi je t’ai toujours aimé. J’avais juste du mal à l’accepter. Ou à le réaliser vraiment. Je comprends que tu sois perdu. Crois moi je le suis aussi. » Il passe sa main dans ses cheveux, sa voix est emprunt de sincérité. Il a douté sur beaucoup de chose ces derniers temps. Mais il n’a aucun doute sur ce qu’il ressent pour son ami. Il regarde Erwin attraper une cigarette. « C’est logique que tu es du mal à y croire. Mais rappelle toi le trouble qui nous a envahi lors de nos dernières rencontres. Je frissonnais à chaque fois que ta peau frôlait la mienne. Mon cœur s’emballait dés que ton corps s’approchait du mien. Et je sais que tu éprouvais la même chose. Je l’ai vu dans ton regard. Comme le soir où tu m’as embrassé. Okay tu avais bu, mais il y avait bien plus. Tu ne peux nier ces faits là. » Gabriel est certain que dans ces moments là le cœur d’Erwin s’emportait comme le sien. Il est sur qu’il y avait bien plus qu’une simple envie physique de partager une joute charnelle. « Je sais que cela peut te paraitre fou de t’avouer ce sentiment maintenant. Mais je te jure que je suis sur de moi. Sur du trouble qui s’empare de mon cœur et de mon être quand tu es prêt de moi. Quand je pense à toi. Après si ce n’est pas partagé et que les émotions que j’ai vu au travers de ton comportement était juste lié à autre chose. Je comprendrais. Je voulais juste que tu le saches. » Gabriel n’a aucune idée de comment cela va tourner. Si Erwin ne partage pas ses sentiments il l’acceptera. Il fermera juste son cœur un peu plus en ce disant que l’amour n’est pas fait pour lui. Il gardera l’amitié car elle lui est précieuse, même si là elle a été entachée et tiraillée. Il garde ses distances pour ne pas le troubler d’avantage. Même si l’envie de l’embrasser et de le serrer contre lui est puissante. Mais Gabriel a fait assez de dégâts, il ne veut pas tout détruire. Il a trop besoin d’Erwin même qu’en tant qu’ami. Même si son comportement à démontrer le contraire ces derniers temps.

La révélation de tes sentiments créée un véritable raz-de-marée au sein de mon être. Ma fébrilité éclate avec tant de violence que j’ai du mal à la contenir. C’est si violent et inattendu, Gabriel. Les émotions sont trop vives pour être contrôlées, raisonnées. Je me sens désorienté comme jamais. Tu as un tel pouvoir sur moi qu’il en est indécent, ronge ma poitrine d’une frustration profonde. Ma fierté ne peut le tolérer, mes valeurs m’empêchent d’entrevoir des vérités peut être évidentes. Je ne sais plus du tout où j’en suis, Gabriel. Je n’ai pas l’habitude d’être en proie à des émotions si diamétralement opposées. J’essaye de garder les idées claires, mais c’est loin d’être facile. Tu ne fais qu’accroitre ce trouble, tu affirmes de nouveau l’évidence de tes sentiments. Tu mets un mot sur le sentiment qui nous lie. Cela me chamboule, me retourne les tripes de t’entendre avouer tout cela. J’en tremble littéralement et pas même la nicotine, ne me permets de fuir toutes ces émotions qui m’envahissent avec rage. « Je ne les nie pas, Gab. » Je souffle dans une voix faible en venant prendre une bouffée de ma cigarette. Mes doigts tremblent, tout comme mon cœur. C’est bien trop violent pour que je puisse raisonner correctement. « Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas, Gab. » Je te lâche en venant faire quelques pas pour me servir un verre de whisky. Ma nervosité explose, me retourne les tripes. « Je me suis jamais posé la question. Comment aurais-je pu le faire après tout ? Tu sais bien que… » Je ne termine pas ma phrase. Tu me connais, tu sais bien qu’il m’est difficile, voire impossible d’envisager une relation sérieuse avec un homme, d’entrevoir une vie de famille de cette manière. Mon regard évolue peut-être sur la question depuis l’annonce du mariage de Louka, mais je n’ai jamais envisagé que cette question puisse me concerner. Je bois une gorgée de mon whisky avant de plonger mon regard dans le tien. « Je n’ai jamais cherché à mettre un mot sur ce que je ressens pour toi. C’est juste toi. Je fais ses choses, car tu comptes pour moi, sans réfléchir, sans me poser la moindre question. » Je te murmure avec une fébrilité conséquente dans la voix. « Laisse-moi y réfléchir. C’est trop soudain, trop désarmant pour que je puisse répondre réellement, Gab… » Je finis en venant me laisser choir sur le canapé, le regard perdu et déboussolé. Tu me fais vivre des sensations que j’ignorais pouvoir ressentir.    

Gabriel ne sait pas pourquoi il avoue ce qu’il éprouve à Erwin. Peut être pour combattre le mal qui a été fait par quelque chose de plus sain et de plus positif.  De beau. De pur. Il a tellement souffert des mots qu’il a dits à son ami. Il lui a tellement manqué que là il a juste envie de le retrouver. De le trouver aussi d’une certaine manière. Gabriel sait que l’aveu va être un choc mais il ne peut plus le garder pour lui. Il l’a déjà trop gardé au final. Mais il était loin de penser qu’Erwin serait autant dérouté, surtout vu leur rapprochement ces derniers temps. Ce serait-il trompé au final ? Ce qu’il aurait vu comme des pistes serait-il autre chose ? Cela le déroute aussi. Peut être que c’est tôt après la tempête qu’ils ont traversé. Peut être qu’au final il aurait du rien dire. Gabriel le regarde espérant une flamme dans ses yeux clairs. Espérant un signe. Mais tout ce qu’il y voit c’est du désarroi et une perdition sans fin. Il s’en veut de lui imposer cette souffrance. Il l’a déjà tellement malmené que cela lui écorche le cœur avec violence. Gabriel avait parfaitement accepté qu’Erwin choisisse Jane alors que leur relation était à ce moment là sur le fil du rasoir. L’amant était redevenu l’ami précieux et les sentiments naissant ou déjà bien vivant de Gabriel avaient su se fermer devant le bonheur de son ami. Il rayonnait au bras de Jane. Et ils formaient le couple parfait, Gabriel ne peut nier ce fait. « Je sais tu voulais une vie normale, une famille normale. Et tu veux toujours une vie normale, un père, une mère. Et je ne t’en blâme pas. Tu étais heureux et c’est tout ce qui comptait à mes yeux. » C’est surement cet amour naissant étouffé dans l’œuf qui avait empêché l’architecte de chercher son bonheur ailleurs. Sans que cela ne l’effleure vraiment.  C’était juste inconsciemment. Il était heureux dans sa vie d’homme libre courant la gueuse. Pourtant tout lui est revenu avec violence quand l’enfer l’a caressé de ses flammes acides et brulantes. Il espérait un déclic, vu leur rapprochement. Mais il comprend également la retenue de son ami. Même si à cet instant elle est des plus douloureuses. « Je ne t’ai jamais rien demandé non plus. J’ai juste pris comme un cadeau ce que tu n’offrais. Sans chercher à avoir autre chose. Parce que d’une certaine manière au fond de moi je savais que je ne l’aurais pas. » Sa voix est troublée. Il réalise qu’il l’aime depuis le début. Depuis le premier regard. Mais qu’il n’a jamais osé par crainte de perdre l’ami en avouer ce qu’il éprouvait vraiment. Gabriel se disait juste que l’amour n’était pas fait pour lui, alors qu’il a toujours vécu aux côtés de celui qui fait battre son cœur. « Je comprends Erwin .. et je ne te demande pas de réponse .. j’aurais même pas du t’en parler après ce que je t’ai fais endurer .. j’aurais du le garder pour moi comme je le fais au final depuis toutes ses années .. et je ne t’en voudrais pas si ce sentiment n’était pas réciproque .. tu es mon ami et je ne veux pas te perdre .. le reste n’a pas d’importance. » Il a vécu toutes ses années avec ce sentiment caché au creux de ses entrailles, il parviendra bien à vivre le reste de sa vie ainsi si Erwin choisit encore une fois une autre voie. C’est juste que là, la situation sera plus douloureuse que lorsqu’il a choisi Jane, parce que Gabriel a pleinement conscience maintenant de ce qu’il éprouve pour son ami.  « Je crois que je vais rentrer. Je t’ai assez bousculé pour la journée. Encore désolé pour tout ça Er. Prends soin de toi et passe le bonjour à Connor. » Il ose à peine soutenir son regard. Il retient difficilement les larmes qui l’assaillent. C’est éprouvant pour lui aussi. Il récupère se affaires. Pose amicalement sa main sur l’épaule d’Erwin. Il ne cherche pas plus le contact de peur de succomber à nouveau. « On se revoit bientôt. » Et il sort de la villa pour rejoindre sa voiture. Il s’installe au volant et reste un instant sans bouger. Bouleversé. Chamboulé. Et il ne sait pas quel avenir l’attend vraiment. Il envoie un sms à Stan pour lui dire qu’il rentre sans développer d’avantage. Et il démarre sa voiture, le regard embrumé et le cœur lourd. Il n'a pas perdu l'ami mais il n'aura peut être jamais l'homme qu'il aime.