Danser avec l'enfer - Gabwin

« Je t’aime Erwin. » Se sont les seuls mots qui sortent des lèvres de Gabriel dans le claquement de la porte du cabanon. Des mots murmurés. Dont il ne saisira le sens que plus tard. L"évidence de ses sentiments étant impossible à écouter sur le moment. Le silence ce fait plus tranchant que jamais. Il est douloureux et il se glisse sournoisement dans l’âme de Gabriel. Il s’appuie contre le mur pour ne pas tomber. Les mots d’Erwin résonnent dans sa tête, l’impactant d’avantage. Ils tournent en boucle comme toupie folle. Il se met à crier. Il s’en veut de lui avoir fait mal. De lui avoir arraché le cœur alors qu’il aurait juste pu s’assoir à ses côtés et laisser le temps s’égrainer. Mais non il c’est laissé gagner par toute cette noirceur. Elle a encore emporté son cœur et son âme, faisant de lui un monstre d’égoïsme et de violence verbale. Mais le mal est fait. La remontée sera rude. Et retrouver son ami encore bien plus. Il en a conscience. Il revoit son regard chargé de colère. Et ses mots ne cessent de le torturer. Peut être qu’au fond, ils vont l’aider à rester à flot. C’est peut être pour ça qu’il l’a appelé. Il n’en sait rien. Il ne voyait pas les choses tourner de cette manière. De toute façon depuis quelques jours sa vie à basculer dans l’horreur et plus rien n’a de saveur. Même son amitié si puissante avec Erwin part en lambeau. C’est le seul responsable sur ce coup là, enfin d’une certaine manière parce que pour lui. Le seul responsable. C’est FELIPE. Et sa rage se fait plus vorace en pensant à ce connard. Il a envie de tout casser. Mais pas dans ce lieu. Seul refuge de son agonie. Alors il sort du cabanon. Les yeux remplient de larmes amères. Le corps tremblant. Le cœur encore plus vite que lorsqu’il a rejoint cette pièce. Il file vers sa villa. La rage tiraillant ses entrailles et son esprit. Il y pénètre et hurle de plus belle. Il hurle sa haine. Sa douleur. Sa solitude. Son envie de tout foutre en l’air. De se foutre en l’air. Il casse ce qui se trouve sous ses pas. Et puis il attrape une bouteille de vin et l’avale. Laissant l’alcool faire son office, sur son corps détruit. Il ne veut plus penser à tout ça. Il souhaite s’embrouiller l’esprit. Le rendre libre d’aller ailleurs. Il se laisse glisser contre le mur du couloir et il admire son œuvre. Le salon est un vrai champ de bataille. Comme son cœur. Il ne peut s’empêcher de penser à Erwin. Encore et encore. Aux mots tranchants qui ont franchi leurs lèvres. Aux affres que cela a déclenché. Alors il sort son téléphone. Et envoie un sms à son ami. Il ne sait s’il y répondra. Ou s’il laissera le vide se faire plus grand. Il espère juste qu’il ne va pas faire une connerie. Après ce qu’il a traversé. Comment a-t-il pu lui infliger pareille blessure ? Et il hurle encore. Mais c’est trop tard le mal est fait. Et la plaie ne va pas se refermer de si tôt et si facilement. Gabriel a juste envie de mourir à cet instant alors il pose son portable au sol et se dirige dans sa salle de bain. Il retrouve la lame de son rasoir. Des gouttes de sang séchées l’habillent. Il quitte son pull. Ôte ses bandages et lacère sa chair. Encore et encore. Plus rien ne compte à cet instant. Même pas sa vie.